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Guerre des prix L'Autorité de la concurrence saisie malgré un « dialogue constructif »

Paris, 23 oct 2014 (AFP) - Les discussions entre fournisseurs et distributeurs, réunis jeudi pour évoquer la guerre des prix et les risques déflationnistes, se sont conclues dans un climat relativement apaisé, même si le gouvernement a tenu à réaffirmer sa vigilance, en saisissant l'Autorité de la concurrence.

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Les Sages de la rue de l'Échelle seront chargés d'émettre un avis sur les rapprochements entre Auchan/Système U d'une part, et Casino/Intermarché d'autre part, pour effectuer en commun leurs achats auprès de leurs fournisseurs.

Pour le ministre de l'Économie Emmanuel Macron, cette saisine a surtout pour objet d'instaurer une certaine transparence. « Ce ne sont pas des concentrations donc il n'y a pas lieu de s'inquiéter outre mesure », a-t-il déclaré. Il n'a toutefois pas manqué de souligner que le gouvernement souhaitait rester « vigilant » sur le déroulement des négociations commerciales entre fournisseurs et distributeurs, qui viennent de débuter, avec pour objectif de fixer les tarifs des produits de grande consommation pour l'année à venir. « L'esprit n'est pas d'aller taper les uns sur les autres, il n'y a pas de stigmatisation mais s'il y a des pratiques abusives, elles seront sanctionnées », a encore prévenu le ministre.

En outre, le gouvernement va mettre en place un comité de suivi des négociations, qui aura également pour mission de s'assurer de la bonne utilisation du crédit d'impôt compétitivité emploi (Cice). Ce crédit d'impôt devrait « être utilisé pour l'emploi et pas pour financer la guerre des prix », a insisté le ministre de l'Agriculture, Stéphane Le Foll. « Nous avons dit de façon claire que le Cice ne serait pas utilisé dans les pratiques commerciales », a répondu Jacques Creyssel, patron de la Fédération des entreprises du commerce et de la grande distribution (Fcd), qui regroupe la plupart des grandes enseignes à l'exception de Leclerc et Intermarché.

Et de l'avis de tous, la réunion de jeudi s'est déroulée dans un « esprit très constructif », à mille lieues des propos parfois virulents tenus par certains acteurs lors des négociations précédentes. « Je suis satisfait des paroles qui ont été échangées. Les mots de "loyauté" et de "co-construction" ont été prononcés, y compris par la grande distribution. La réunion était moins dure, chacun était à l'écoute de l'autre. C'est clairement un pas en avant et un changement d'état d'esprit » a confirmé Jean-Philippe Girard, président de l'Ania. Le représentant des industries agroalimentaires reste malgré tout vigilant. « Maintenant, il faut que les propos des dirigeants de la grande distribution soient répercutés aux acheteurs dans les box » de négociation, a-t-il insisté.

Industriels et agriculteurs alertent depuis plusieurs mois sur les conséquences délétères pour les filières en amont de la guerre des prix que se livrent les enseignes de grande distribution pour tenter de conserver les faveurs des consommateurs.

Une menace pour l'emploi

Le gouvernement a plusieurs fois tapé du poing sur la table : lundi, le Premier ministre, Manuel Valls, avait appelé les enseignes à « jouer le jeu du patriotisme alimentaire ». Mercredi, Stéphane Le Foll a martelé que la déflation (baisse générale des prix) n'était bonne pour personne et représentait une menace à terme pour l'emploi.

Une inquiétude partagée par la fédération générale de l'agroalimentaire de la Cfdt (Fga-Cfdt) qui a estimé jeudi matin dans un communiqué que « cette pression sur les prix a une incidence directe sur les conditions de rémunérations des salariés, la qualité des produits et, au final, ne bénéficie que peu aux consommateurs ».

Soucieuse de déminer les discussions, la grande distribution, d'habitude avare de commentaires, avait multiplié les annonces avant-même la réunion de ce jeudi. Ainsi, la Fcd a annoncé mercredi avoir signé un code de bonne conduite avec la Fédération des entreprises et entrepreneurs de France (Feef), qui représente 600 Pme alimentaires et non alimentaires. Elle jure que ce code permettra des négociations commerciales plus « loyales ».

Dans le même temps, Leclerc, considéré comme le plus dur en affaires, annonçait le renouvellement de son partenariat avec cette même Feef, avec l'engagement de « mieux prendre en compte dans leurs tarifs d'achat, l'évolution du coût des matières premières entrant dans la composition des produits fabriqués par ces Pme ». 

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